Située dans le centre-bourg de la commune de Courdemanche, l’église Notre-Dame est implantée dans une région riche d’une histoire très ancienne. Grâce aux textes, nous savons que dès l’Antiquité plusieurs villas romaines étaient présentes sur le territoire. Il semblerait que l’actuel bourg de Courdemanche relevait d’une villa nommée Bréa (située sur l’actuelle commune de Tresson), durant l’antiquité mais aussi durant le haut Moyen (1).
La date de fondation exacte de l’église est inconnue. Toutefois, d’après le contexte historique qui l’entoure et plusieurs caractéristiques formelles, on peut situer la construction primitive vers le 11ème siècle.
L’église de Courdemanche rappelle par plusieurs aspects l’église voisine de Saint-Georges-de-la-Couée, réputée de cette période. En outre, par sa situation relativement éloignée des principales cités de l’époque, la région est connue pour avoir accueilli plusieurs ermites à l’époque carolingienne. Ceux-ci ont parfois pu fonder des établissements religieux. Pour Courdemanche, des auteurs du 19ème siècle citent un certain Saint Richmir (2) ;
La nef est à ce jour la partie la plus ancienne de l’église. La façade occidentale, avec ses piliers de part et d’autre d’un portail en plein-cintre, peut rappeler celle de l’église de Saint-Julien de Poncé-sur-Loir. De surcroît, on note en élévation la délimitation ancienne de la façade, avant qu’un vaisseau collatéral ne soit ajouté au nord. De ce fait, on note que la nef était relativement élancée, rappelant une fois encore l’église paroissiale de Saint-Georges-de-la-Couée. Les proportions de la nef primitive étayent l’hypothèse d’une église paroissiale, donc ouverte aux laïcs, dès l’époque romane.
Durant l’époque médiévale, il semble que l’église abrite plusieurs religieux de l’abbaye de Saint-Vincent du Mans (3). Ce seraient eux qui auraient favorisé la survivance du lieu culte depuis sa création jusqu’à la Renaissance. A cet égard, peu d’intervention semblent demeurer de nos jours visibles concernant l’époque médiévale.
L'édifice est inscrit à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques depuis le 4 février 2001. En son sein, se trouve un exceptionnel vitrail représentant un Christ en croix sur fond de paysage toscan (à côté est inscrite l'épitaphe de Jean de La Mothe). Lors de son agrandissement au 16ème siècle est creusée une crypte dédiée à Notre-Dame de la Consolation, où un tableau dévoile une curieuse Cène. Le vitrail et le tableau sont classés à titre d'objets aux Monuments historiques.
(1) CAUVIN Thomas, Géographie ancienne du diocèse du Mans, 1815
(2) PESCHE Jean Rémy, Dictionnaire topographique, historique et statistique de la Sarthe, Tome 6, 1842
(3) ALOUIS Victor, Lucé et ses environs, 1881